Il est difficile de mesurer à quel point nous bénéficions de l’influence d’une grand-mère.
Les grands-mères possèdent une grande sagesse et une grande expérience, ce qui se traduit par toutes sortes de précieuses leçons de vie.
Nous sommes loin d’être la seule espèce à les apprécier. En fait, leur influence générationnelle peut jouer un rôle essentiel dans la société des orques.
Une étude publiée cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences suggère que les baleines âgées sont un facteur clé pour garder leurs petits-enfants en vie, surtout lorsque la nourriture est rare.
Le taux de survie de ces jeunes baleines s’améliore de façon encore plus spectaculaire si la grand-mère a déjà passé la ménopause.
C’est d’autant plus surprenant que la ménopause chez la plupart des espèces animales est généralement associée à la fin de la vie. Il n’en va pas de même pour les humains et certaines baleines, dont les orques, qui peuvent vivre des décennies après la ménopause.
Il semble que l’augmentation de la longévité ait un but évolutif. Les grands-mères baleines vivent longtemps après avoir cessé de pouvoir produire leur propre progéniture, et leur présence continue garantit que les enfants de leurs petits grandissent forts et en bonne santé.
Il faut un village, mais surtout des mamies
Pour leurs recherches, les scientifiques ont analysé des décennies de données de recensement sur les populations d’orques autour de l’État de Washington et de la Colombie-Britannique. Ils ont constaté que la mortalité des veaux d’orques a fortement augmenté dans les années qui ont suivi le décès d’une grand-mère ménopausée. Mais les veaux qui vivaient encore avec leur grand-mère avaient un taux de survie beaucoup plus élevé.
Les chercheurs soupçonnent les grands-mères post-ménopausées d’avoir simplement plus de temps pour s’occuper des petits, en les prenant en charge comme une sorte de nounou et en s’assurant qu’ils ont assez de nourriture pour manger.
« L’étude suggère que les grands-mères reproductrices ne sont pas en mesure de fournir le même niveau de soutien que les grands-mères qui ne reproduisent plus », explique à l’Agence France-Presse l’auteur principal, Dan Franks, biologiste à l’Université de York au Royaume-Uni. « Cela signifie que l’évolution de la ménopause a augmenté la capacité d’une grand-mère à aider sa progéniture ».
Les humains peuvent reconnaître ce phénomène comme l' »effet grand-mère » : Les femmes qui conservent leurs forces après le déclin de la fertilité ont traditionnellement aidé leurs filles à s’occuper des enfants.
« C’est le premier exemple non humain de l’effet grand-mère chez une espèce ménopausée », ajoute Franks.
« Il a également été démontré chez les éléphants, mais ils sont capables de se reproduire jusqu’à la fin de leur vie. Nous ne connaissons actuellement que cinq espèces qui passent par la ménopause : les autres sont le globicéphale noir, le narval et le béluga ».
Maintenant, comment savoir exactement quand une grand-mère orque post-ménopausée répand sa joie de vivre au reste du groupe ?
Les chercheurs ont examiné 378 baleines individuelles connues pour avoir une grand-mère maternelle. Dans les cas où une grand-mère était morte au cours des deux années précédentes, le taux de mortalité d’une jeune baleine a été multiplié par 4,5.
Et en période de pénurie alimentaire, l' »effet grand-mère » était particulièrement prononcé.
« Nous avons déjà montré que les grands-mères post-procréatives mènent le groupe autour des aires d’alimentation, et qu’elles sont importantes pour le faire en période de besoin, quand les saumons sont rares », explique Franks à l’AFP.
« Ils sont également connus pour partager directement la nourriture avec des parents plus jeunes. Nous soupçonnons également le baby-sitting ».
